Dévoué, dévotion, dévouement
Lucas Beaufort est un drôle d’oiseau, un artiste sensible hyperactif aux différentes vies, et 1000 propositions. Jadis chef de pubs, devenu illustrateur, il a enchaîné des centaines de projets depuis une dizaine d’années, voyagé, exposé et collaboré avec des Marques, pour arriver à ses fins, pour se donner les moyens de faire correctement les choses. Personnage décomplexé, franc du collier. Il savoure cette vie qu’il mène rondement.
Passionné de skateboard n’est pas vraiment le mot, Lucas y consacre une part importante de son existence. Il le pratique, dessine dessus, dessous, les fixe aux murs, et en a fait une matière première pour transmettre ses dessins, sa vie, son oeuvre.
L’opportunité du voyage l’a mené à rencontrer nombre d’acteurs du monde du skate, qui ont pris le temps de jouer au jeu de l’interview. L’artiste s’improvise réalisateur et filme Devoted. Le sujet est « le futur du magazine papier dans le skate ».
Un sujet beaucoup trop vaste et ambitieux. Particulièrement concernant le skate, qui est une activité très réactive aux nouvelles technologies. Internet, l’IRC, les DVDrip, la 4G, Instagram ont bouleversé son économie.
Pour une compagnie de planches, une vidéo en VHS, puis un DVD, était une rente conséquente, c’est devenu de la visibilité, gratuite et éphémère en .MP4. Les magazines papiers faisaient vivre des rédacteurs et des photographes – en quelques années Instagram rafle la mise, les mags maigrissent, et la culture perd de sa consistance, car plus vraiment de canaux pour la diffuser proprement.
Pas sûr que l’athlétisme ait été autant bouleversée par les réseaux sociaux. Au 100 mètres, on court.
Le docu est une succession d’interviews d’acteurs des médias skate, ils racontent ce qu’ils ont vécu et ressenti quand il ont eu un canard entre les mains pour la première fois. Ils partagent expériences, émotions et nostalgies. Une époque est révolue. Quid de la suite ?
Les remarques négatives seront : trop de matière, pas d’éditorial précis, des répétitions, et pas de perspectives sur ce que pourrait être la diffusion et propagation de cette culture.
Les critiques positives seront : un premier essai très concluant sur la forme (cadre, son, animations, un peu trop de musique peut-être…), des intervenants à l’aise et confiants, de bons moments, des questions intéressantes soulevées et un panel représentatif de ceux qui font les médias aujourd’hui.
Pour conclure, on soulignera deux remarques du réalisateur sur ce travail : « J’ai bien essayé d’interviewer des jeunes, mais après de longs eeeeuuuuuh et des hésitations, j’ai compris que ce serait très difficile d’avoir de la matière. » Il ajoute : « Je le mets gratuitement en ligne, je veux qu’il soit vu, et le fait que ce soit mon premier projet vidéo, j’ai conscience qu’il est parfois bancal. »
Il y a aussi forcément moult anecdotes, notamment celle de Dave Carnie (du magazine Big Brother) qui s’est demandé à un moment s’il n’avait pas dit de choses pouvant le desservir. Mais ça, c’est une autre histoire.
https://www.instagram.com/lucas_beaufort
source portrait