Bim ! Balles ! Boules !
Passer un moment avec BMO c’est dépaysant. Anecdotes, récits et idées fulgurantes sont toujours au rendez-vous. Il enchaîne les péripéties, pas toujours marrantes, mais le sourire reste intact, et le bon mot est de mise.
On a fait le point sur quelques moments fumants de sa carrière d’artiste-activiste, voici le premier épisode.
« En 2013, en vacances en Palestine, je me dis que je vais faire des bombes de peinture avec des ballons gonflables pour les lancer sur les tours de contrôle, le long du mur. Genre pour faire des trucs beaux. Il y a des miradors tous les trois kilomètres, et les soldats surveillent de chaque côté.
J’avais plein de ballons et je les lançais sur les tours, d’ailleurs sur internet il y a encore la photo ! Du coup, comme un bolos, je me balade tout content, et là je vois des ruines, des maisons explosées. Je commence à jeter mes bombes de peinture pour faire des photos… j’avais l’appareil autour de moi, il faut que ça aille vite, hein !
Au quatrième ballon, la tour me parle : « Yélled ! Yélled ! » ça veut dire garçon en hébreu, « Pose tout ce que tu as ! » On ne voit rien car ce sont des vitres teintées, du coup je pose mes affaires et je lève les mains en l’air.
Les fenêtres s’ouvrent et ça fait : Pfuit ! Pfuit ! Pfuit ! c’était des lacrymos, comme les CRS à Paname. Ça arrive tout autour de moi, et ça tire au Flash-Ball, ils m’ont touché dans le dos mais comme j’étais loin ça ne m’a pas fait très mal. C’est surtout les lacrymos qui étaient sales. J’étais dans le nuage et je galère dans les gravats pour repartir.
Et là, deux petits de 10 ans qui rentraient de l’école m’ont attrapé. Je pleurais et ils m’ont emmenés chez eux. Ça me brûlait partout, ils m’ont fait prendre un bain avec des serviettes sur les yeux, ils ont jeté mes vêtements, et on est venu me chercher pour rentrer.
Heureusement que les petits étaient là, sinon je ne sais pas trop comment je m’en serais sorti. Pour finir, j’ai eu des démangeaisons pendant quatre jours. »