La mêlée bordélique luxuriante

 

Philip vient de Bray, une petite ville au sud de Dublin. Il y neige en hiver. Phil est vidéaste, un vidéaste un peu particulier puisque son instrument de travail est une caméra Super 8. Il y a un an, il a réalisé et sorti une vidéo nommée The Scrum Tilly Lush, et pour ce projet, il a fait le tour des capitales européennes.

 

Quand as-tu commencé à filmer et pourquoi ?

J’ai commencé à filmer en 2002, je filmais surtout mes potes, des trucs de skate et des conneries. Et pourquoi ? Je crois tout simplement que j’aimais les vidéos de skate et que l’idée d’en faire une moi-même était très réjouissante ; en plus je regardais beaucoup la télé quand j’étais petit, ça a probablement contribué à mon obsession.

 

Quelle vidéo tu as vu, et qui t’ont motivé à en faire une ?

Ce qui m’a motivé, ce sont les vidéos qui montraient un peu plus que le skate, l’environnement et l’architecture ce sont des choses que j’aime bien, comme dans la vidéo Photosynthesis. J’ai beaucoup vu de vidéo de skate qui m’ennuyaient, donc j’ai essayé de faire l’opposé, quelque chose que j’aimerais regardé, et pas seulement juste des figures, en HD, et des ralentis filmés à la Dolly, je voulais montrer un peu plus que du skate, car il y a tellement plus à montrer que des tricks.

 

Quand et pourquoi tu as décidé de filmer d’autres gens, de voyager ?

J’avais réalisé un petit film en Super 8 en Irlande, donc j’ai seulement souhaité avoir plus de skaters, des styles différents et de la variétés dans les lieux. J’ai demandé à Nick Jensen s’il serait d’accord pour filmer avec moi, et il a été très motivé à l’idée d’une vidéo de ce genre, dès que j’ai commencé à le filmer, j’ai décidé d’avoir des gens de différentes villes.

Nick c’était vraiment un bon début, et ça a donné du poids au projet, c’était plus facile pour contacter les gens. Peu après, on m’a orienté sur des skaters par rapport aux villes que j’avais choisies.

 

Comment et quand tu as découvert le format Super 8 ? et pourquoi il t’a intéressé ?

Il y a quelques années, ma copine m’a offert une très belle Canon 310 XL pour noël, elle fait des films, elle s’y connaît en caméra et elle savait ce qu’elle faisait. Quand j’ai eu les premiers résultats à la sortie du labo, j’ai été surpris et content, c’était comme j’avais souhaité que ce soit, et très éloigné d’une image numérique. J’aime les couleurs qu’un film Super 8 donne, c’est vraiment chouette ! c’est une esthétique qui me parle, rugueux et granulé, mais agréable à regarder !

 

Comment tu fais pour développer tes films, c’est un format plutôt rare de nos jours ? tu fais partie d’une communauté d’aficionados du Super 8 ?

Je ne fais pas spécialement partie d’une communauté, mais j’ai rencontré plusieurs personnes vraiment intéressantes qui faisaient la même chose que moi. Je fais développer mes films à La Hague, aux Pays-Bas (www.super.nl), Frank qui gère le labo fait toujours un très bon boulot. Si je shoote en couleur, j’envoie tout à Andec à Berlin.

 

Est-ce que tu as choisi les skaters sachant qu’il fallait qu’ils rentrent des tricks rapidement ?

C’est rigolo car on m’a prévenu concernant des skaters qui me feraient probablement gâcher de la peliculle, et finalement ce sont les deux qui ont été les plus productifs ! ceux que j’ai filmé ont plutôt bien réagis à la pression de gâcher du film, je crois que ça les a vraiment motivé à replquer leurs tricks !

 

Tu as gagné de l’argent avec ce projet ? Comment tu as fait pour le mener à terme ?

Oui, j’ai gagné des millions ! non, en fait ça a été plutôt difficile, j’ai eu du soutien de la part de Nike SB et WESC, qui m’ont vraiment permis de finaliser ce film, et personne ne m’a demandé de comptes, j’étais libre de faire ce que je souhaitais. J’aurais eu du mal à faire un film qui fasse plaisir à des sponsors, dans le mauvais sens du terme.

Les marques qui m’ont aidé ont vraiment compris ce que je souhaitais faire et m’ont permis d’aller dans ce sens. Avec Internet, le marché de la vidéo de skate a complètement évolué, et c’est quasiment impossible de faire une vidéo sans support financier.

 

Tu as des anecdotes concernant la vidéo ? Qui a stressé ?! Qui a tout rentré du premier coup ?

Voyons… Soy et Vivien ont chacun des egos énormes et ils ont gâchés tellement de films, raté tellement de tricks que j’ai dû utiliser des doublures et faire des montages pour finaliser leur part’ ! Sinon j’ai filmé à Belfast pendant la marche Orange, c’était vraiment intéressant, je ne pouvais pas parler quand j’étais dehors à cause de mon accent,  j’aurais pu avoir des emmerdes, car je vient de l’autre côté !

Il y avait des émeutes un peu partout, ce qui nous a permis de skater, la police était occupée à  d’autres choses, plutôt que de nous courir après !  C’était une expérience unique ! Une autre anecdote marrante, c’est qu’après la vidéo, un collectif d’artistes nommé Human Pyramids nous a demandé à Soy et à moi de participer à une exposition collective à Los Angeles, ce qui nous a permis de montrer nos travaux en Amérique. Il devrait y avoir une expo à Paris en 2010 ;  sinon je bosse sur un documentaire concernant les photographes de skate, et ça me plait bien !

 

Pour conclure, que signifie The Scrum Tilly Lush ?

The scrum Tilly Lush, c’est une expression que mon père utilise quand il y a de la bonne bouffe à la maison : « Oh shepherds pie, the scrum tilly lush. » C’est une expression qui se comprend dans tout le pays, et qui signifie la même chose. En gros, c’est quand ça sent bon !

 

 

Post-Scriptum : Le blog de la vidéo_http://thescrumtillylush.blogspot.com * le blog de Philip_http://aulpups.blogspot.com * le site de Human Pyramids_http://www.humanpyramids.net