NLF TRIO

NLF3

Autres mondes, autres musiques

 

Naguère les frères Laureau arpentaient les salles de concerts de la région parisienne, de la France, du monde avec leur groupe de punk-rock divergent, Prohibition. C’était dans les années quatre-vingt-dix, on allait slammer à l‘Arapaho, on écoutait de la musique bizarres aux Instants Chavirés de Montreuil.

Le groupe était familier avec le monde du skate, celui dont les mains crient. Et Fabrice Laureau, vous ne pouviez pas le louper, une paire de Vans aux pieds, parfois dans le métro, souvent à des concerts, une connaissance que l’on salue depuis toutes ses années, sans jamais vraiment lui avoir adressé la parole, une timidité respective peut être. Un activiste comme on dit dans le jargon.

En 2000, changement de cap, évolution, transition, exit Prohibition pour un nouveau projet, débridé et instrumental. Mitch Pires s’associe à la fratrie bruyante, NLF3 naît, l’accouchement s’est passé sans effort, naturellement. Une musique que l’on qualifiera de métissée, du rock, mais aussi des bruits incongrus, on peut y entendre des incantations, ou alors un rituel vaudou tinté d’afro-beat, de beats organiques, de violents breakbeats. A l’écoute de NLF3, la musique récupère son grand M, elle vous envoûte, vous n’êtes plus seulement un tube digestif, votre cerveau n’est plus seulement un espace disponible pour CocaCola & TF1.

Une musique participative ? En tout cas des sonorités qui vous aspirent, qui déstabilisent, une cosmogonie qui laisse coi, mais définitivement moderne, et digeste. Une jugulaire dans laquelle on pourrait injecter du Animal Collective, un groupe que les deux frères ont fait découvrir au public français en avant-première, avant même que le buzz, si cher à Morandini, ne les entraîne vers d’autres strates.

NLF3 signe donc un nouvel album, disponible depuis le 11 octobre de cette année, Beautiful is the way to the world beyond, ce qui signifie a peu de chose près : la peur n’est qu’un obstacle qu’il faut surmonter, mélanger les musiques est salutaire pour vivre quotidiennement dans ce monde de dingues, le skateboard n’est pas un crime, quoique, punk is not dead, vous non plus.