*Justement, comment s’est passée ton intégration au sein du label ? On présente souvent Stones Throw comme une grande famille.
C’est vrai qu’il y a de ça, dans le sens où chacun respecte le travail de l’autre et que l’on soutient solidairement tout ce que sort le label. J’ai toujours eu le plus grand respect pour Stones Throw, déjà à l’époque où j’habitais Detroit. Je crois que l’élément déclencheur a été le premier album de Quasimoto, The Unseen : c’est grâce à lui que j’ai commencé à m’intéresser de plus près à leurs sorties. Alors imagine aujourd’hui, je me retrouve à côtoyer un pur génie créatif comme Madlib, un mec incroyable, à la fois étrange et productif. Il m’a presque convaincu qu’il avait des clones, parce que personne ne peut produire autant de musique aussi rapidement !
*Tu t’étais fixé des objectifs en tant que chanteur pour ce premier album ?
Quand j’ai écrit et enregistré mes deux premières démos, Just Ain’t Gonna Work Out et When I Said Good-bye, je n’avais pas le moindre plan en tête, aucun objectif, je ne pensais même pas qu’elles sortiraient un jour. C’est cette philosophie que j’ai voulu garder quand le moment est venu d’enregistrer l’album entier : aucun but précis ! Je voulais juste que les choses sortent naturellement, qu’elles ne soient pas préméditées ni trop réfléchies à l’avance. La seule chose que je voulais faire, c’était prendre du plaisir, et faire en sorte que ça se ressente à l’écoute.
*Tu peux nous en dire un peu plus sur ton rapport au skateboard ? C’est un élément qui revient dans quasiment chacune de tes vidéos.
J’ai toujours aimé faire du skate. Je n’ai pas la prétention de dire que je vaux quoi que ce soit, mais quand je suis chez moi à Los Angeles, ce qui est rare ces derniers temps, je skate quasiment tous les jours. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai découvert la ville. Je ne rivalise avec aucun de ceux qui apparaissent dans mes clips, mais j’ai toujours aimé ça, faire du skate et regarder des vidéos. Je trouve que c’est quelque chose d’incroyable pour une communauté, les jeunes en priorité, mais aussi pour tous les autres. Montrer des skaters dans mes clips, c’est une manière de soutenir cette communauté.
*Et le skate à Paris, ça donne quoi ?
Malheureusement, on a embarqué beaucoup de matériel avec nous et je n’ai pas pu apporter mon skate. C’est dommage parce que j’aurais vraiment aimé l’avoir, peut-être que j’essaierai d’en choper un avant mon départ.
*Keith Hufnagel tient le premier rôle dans le clip de I Left My Heart in San Francisco ; il fait partie de tes skaters favoris ?
Keith est vraiment « dope », il est incroyable, mais honnêtement je ne le connaissais pas plus que ça avant de collaborer avec lui. Si je devais choisir un skater préféré, ce serait Rodney Mullen, sans hésiter. Il a un style tellement unique, il est tellement étrange, personne n’est capable de faire quelque chose qui se rapproche ne serait-ce qu’un peu de ce qu’il fait. Il a créé sa propre catégorie, et personne ne peut rivaliser avec lui. J’aime l’étrangeté de manière générale, c’est d’ailleurs pour ça que mon album porte ce titre, et Rodney Mullen est complètement là-dedans dans sa manière de faire du skate.
*Qui est à l’origine de cette collaboration entre le shop de Keith Hufnagel [HUF – ndlr], Stones Throw et le designer Freegums ?
En fait, ce sont les gens de chez HUF qui m’ont approché les premiers. Ils avaient entendu dire que je travaillais sur un projet pop vocal dans le genre Frank Sinatra et Tony Bennett, et ils m’ont demandé s’ils pouvaient s’associer à la chanson I Left My Heart in San Francisco. Je leur ai dit oui après avoir bien réécouté le titre, je l’ai réenregistré pendant la tournée américaine et je leur ai envoyé la bande. C’est à partir de là qu’on a commencé à travailler ensemble sur le design du tee-shirt. Au final, beaucoup de personnes se sont investies là-dedans, mais ça en valait la peine, je trouve le résultat vraiment excellent, un véritable « perfect storm ». Pour moi, c’est l’un des meilleurs partenariats artistiques que j’ai pu voir.
*Il a été dévoilé lors de votre dernière date à San Francisco ; quel était votre état d’esprit à l’issue de cette tournée ?
C’était la quatrième fois qu’on tournait aux États-Unis avec mon groupe The County, et, franchement, c’était incroyable, beaucoup plus important que lors des tournées précédentes. Je suis toujours très surpris de voir que le public connaît les paroles, qu’il chante seul, c’est quelque chose qui continue de me surprendre.
*C’est pareil en Europe ?
On ne tourne ensemble que pour la deuxième fois en Europe, donc forcément les choses sont un peu différentes ici, pour nous comme pour le public. La première fois que je suis venu, c’était en tant que DJ, je participais à la tournée Stones Throw avec PB Wolf et le reste du label. D’ailleurs il me semble que Wolf joue d’ici très peu de temps à Paris, on essaie toujours de se caler des dates en commun, mais c’est un peu compliqué en ce moment.
*J’en conclus qu’il ne fera pas d’apparition ce soir…
J’aimerais, mais non ! Wolf est l’un de mes meilleurs amis, et chaque fois qu’on peut travailler ou être au même endroit ensemble, c’est très bien.
*Tu fais aussi partie du groupe Now On aux côtés de Jackson Perry et de IX Lives ; tu peux nous présenter votre premier album, « Tomorrow Already » ?
Si je devais résumer ce qu’on fait avec Now On, je dirais que c’est un mélange de hip-hop, de soul et d’électro. C’est un peu ce qui m’a servi de transition quand je suis passé du rap à Mayer Hawthorne, ça m’a beaucoup aidé de m’investir là-dedans, notamment pour ce qui est du chant. C’est un groupe dont je suis très fier, vraiment, et je défie quiconque de trouver un disque qui sonne comme « Tomorrow Already« . J’ai vraiment l’impression qu’on a su créer notre propre son, or c’est quelque chose de difficile à réaliser. J’espère qu’on continuera à sortir des disques ensemble.