Modern boom bap
Harry Fraud produit de la musique rap dans la région de Brooklyn, en Amérique. Il est jeune, a digéré l’héritage boom bap de son quartier et fait figure de chaînon manquant entre les générations, mais aussi entre les rappeurs du gouffre et ceux qui en sont sortis. Aussi à l’aise avec des samples, que pour composer un beat from scratch, Harry surprend, et délivre souvent une musique plus organique et travaillée que la plupart des hitmakers actuels. Son spectre créatif est plutôt large, et les invités de marque.
De Prodigy et French Montana à Kool G Rap, Stalley, Danny Brown, Pusha T, Rick Ross, Bun B, sans oublier Mac Miller, Trae, Wiz K, Curren$y et Juicy J : il en manque peu à sa collection. Pour couronner le tout, il reprend le sample de Worldwide de Royal Flush, et il en fait une version 2012 avec Chinx Drugz et le Français de la Montagne, pour un hymne bien de chez eux : I’m a coke boy. Un tube à écouter en club, en bagnole, dans le métro, sur un portable pourri ou bien calé devant ses enceintes. Certes, on sent la nostalgie poindre [pour ceux nés entre 1970 et 1985], mais elle est bien placée. Titillée, mais pas trop.
Bref, une cassette de plus à copier dans son disque dur, avec de bonnes choses dedans : des trucs nouveaux et branchés, des rappeurs de 40 piges, des jeunes qui racontent n’importe quoi, un juif qui kick, des gros qui font des crises cardiaques, des mecs qui, soi-disant, s’en mettent plein le zen, du swag, de la sueur, des nichons et surtout l’inévitable gimmick d’intro qui vous rappelle le bon air de Brooklyn.