Death Grips incarne LA violence, musicale certes, mais violence quand même. Il semblerait que ça provienne de Californie, que Zach Hill fasse partie de la formation, et certains assimilent ‘ça’ à du rap, du hip-hop… Musique hybride et inécoutable, des clips épileptiques, Death Grips n’appartient à rien, aucune filiation, pas de crew, ni de gang, ça va nulle part, ça ne sert à rien, à part faire chier la voisine.
Musicalement, il y a des rythmes de batterie, très agressifs, secs et redondants, dominants, on les entend bien, les rythmes ; ensuite il y a des bruits, des samples, des distorsions, des clics numériques, des voix, des assonances, tout ça se mélange, pas toujours bien, pas en rythme, arbitrairement, confusément, fallacieusement. Et comme si ça ne suffisait pas, un type vient hurler, déblatérer, crier, geindre, rapper, chanter, vomir, vociférer, en anglais, il est de type afro-américain, et sort probablement d’un asile psychiatrique (ou alors, il va très bientôt y rentrer). Cet homme aime souffrir, et il aime nous faire souffrir, une certaine perversion émane de ses chansons ; c’est tellement tonitruant, que ça ne peut pas être conscient. Même un sound-system de bobo-dreads homophobes et consanguins est harmonieux à côté de ce type.
L’agression est telle que vous aurez mal à la tête en quelques minutes, l’explosion des tympans interviendra après une heure… Pourtant, et étonnamment, on peut y trouver une sorte de jubilation. On se laisse aller à apprécier cette gerbe sonore, inaudible et désagréable. Ligne 2 du métro parisien, autour de 18 heures, quand tout le monde est bien serré et poisseux, le casque sur les oreilles, vous mettez Death Grips très fort, et d’un seul coup, le monde vous paraît aseptisé, calme, vert et rose. Death Grips ça soulage, ça grille tellement de neurones à la fois que ça rend heureux, comme un bon trip de MDMA ; vous serez tellement hébétés à la fin de cette mixtape, ou alors lynchés par les voyageurs frustrés de ne pas ressentir le frisson mentholé de la Californie en effervescence dans votre Bose, que le calme envahira peu à peu votre corps révolté, rigide et tendu.
Pour supporter cette vie pénible, l’angoisse permanente, la Crise qui nous ronge, le déclin de l’Europe, les frasques de Sarkozy, l’injustice sociale, les mariages princiers, Twitter qui tue le journalisme, les maux de ventre, la fermeture de votre bar préféré, Death Grips est le remède qu’il vous faut. A condition de ne pas en abuser, car au bout d’un moment, ce seront les autres qui en auront marre, et qui vous le feront savoir.
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https://www.youtube.com/watch?v=LBO5PbpDPng
https://www.youtube.com/watch?v=Dv0D6FRf1nw