Brutus, Boulbi & co.
Ce 15 septembre 2010 va-t-il être un tournant dans l’histoire de la musique / consommation de masse française ?
Depuis quelques jours, on avait droit à des teasers et autres rumeurs, Booba reviendrait avec un nouveau titre, Caesar Palace, clippé et en exclusivité internationale le dernier jour de la première quinzaine du neuvième mois de l’année. Ayé – comme disent les jeunes, les enfultes et autres adulescents – c’est en ligne : Le beat est lourd, le flow ralenti, les punchlines percutantes.
Le clip est exagérément ostentatoire, un savant mélange de mauvais goût et de références cinématographiques, parfois grossières, parfois obscures. Les voitures sont grosses, la cylindrée maniable et rapide, les méchants sont Russes (voire Polonais), la fille a un arrière train exagérément rebondi. Le scénario est quelque peu abscons, on a du mal à suivre, mais les couleurs sont jolies, voire étincelantes.
Le clip est sous le signe du rouge. Booba est définitivement un BLOOD, il a choisi son camp, c’est désormais un gangster américain. Un gangster de luxe, un gangster d’amour, mais surtout un gangster deux point zéro. B2O utilise un iPad, il y choisit la balle qu’il va coller (spoiler) dans la bouche du méchant à la fin. Booba est connecté. On sent aussi que Gucci Mane fait des émules, mais la pertinence de Booba à décrypter notre monde, tel un Michel Houellebecq sous intraveineuse de dirty south, apparait un peu plus éclairée.
Plus que des images qui bougent, une histoire, un montage, de la musique ou un buzz, ce film semble sponsorisé. Entre le iPad et le Mac portable qui trône sur les genoux du Duc, le placement de produit ne s’arrête pas là. Le sieur revendique casquette Unkut et veste Adidas, Nike Jordan rouge sont visibles un quart de secondes, on aperçoit moult autres produits, probablement de luxe, telles que des lunettes délibérément bling bling (et peu discrètes). Le clou du spectacle, c’est lorsqu’il enclenche la vitesse de sa bécane, en Vans.
Si un jour on m’avait dit que Booba porterait des Vans rouge dans le clip de son nouveau titre le 15 septembre deux mille dix, je serais manchot depuis un moment et je me serais bien fait chier à écrire ce post.
Et pour amener un peu de matière cérébrale dans ce post écrit à la va-vite pour être le premier sur le rap, je vous invite à cliquer sur l’image ci-dessous, où Booba pose gentiment. Vous pourrez télécharger un excellent essai, paru dans la Revue Française (NRF), une revue prestigieuse de littérature.
Thomas Ravier tente une explication de Booba dans le texte, une analyse fine et osée, c’était il y a quelques années, des pages mal numérisées traînaient sur le Web depuis un moment, en voici une version remasterisée. J’en profite que c’est en voyant ça (cliquez ICI) que j’ai eu envie de relire ce fameux texte.