Les deux font la paire
Mr. Flash est un musicien épique. Sa musique est inclassable et après deux heures de discussion dans un bar de la Butte on en sait BEAUCOUP plus. Voici un premier extrait qui relate ce moment. On a forcément discuté de sexe, il était normal de parler de Monsieur Sexe.
Mr. Flash ayant été la première signature du label de Pedro Winter, Ed banger, il était normal qu’il obtienne ce privilège de la première sortie CD. Pas un album, plutôt un collage extravagant de dialogues et autres interludes à la libido libidineuse, une ode aux seins laiteux, à l’amour à plusieurs, avec un zeste de Max Pécas et quelques accords de Gainsbourg.
* Il y a une dimension sexuelle dans ta musique, tu la revendiques ?
Je pensais que tu allais m’en parler, forcément ! Il n’y a pas de cul dans tous mes morceaux non plus, mais c’est vrai que ça revient souvent… Que te dire si ce n’est que je suis un obsédé ?!
* Tu peux nous en dire plus sur l’ovni Monsieur Sexe…
L’ovni Monsieur Sexe ? Je suis super fier de ce projet, je le trouve très drôle, j’aurais aimé en faire un numéro 2, mais c’est resté dans un coin de ma tête. Il faut avoir de la matière intéressante pour faire un volume 02, et c’est difficile de trouver de bons disques de sexe, avec de bonnes paroles et de la bonne musique. Tout ce qui est entré et qui sort de Monsieur Sexe, c’est uniquement du vinyle, je le répète parce que souvent on me le demande.
Je n’ai pas samplé de film, il n’y a rien qui ne soit pas sorti de disques vinyles ! Il y a des compo à moi, trois morceaux, et j’ai fait les interludes. Les interludes sont des mélanges de dialogues. Ces dialogues existent sur disque, il y a ce genre de conneries qui existent ! Ce sont des films de cul sur vinyle ! Pour revenir à ma musique, plus que la dimension sexuelle, c’est le côté charnel que je revendique, et c’est très chargé d’émotions, c’est ce que j’essaie de faire, globalement.
Et dans ce cercle d’émotions, j’y loge tout : le sexe, et l’amour ; le sexe fait partie de l’amour, parce que le sexe et l’amour sont des choses super importantes, et je ne peux pas le considérer autrement. Et ma musique, c’est un peu un livre ouvert, me concernant, concernant ma vie, je ne devrais pas dire ça dans une interview !
Je me mouille vachement dans ce que je fais, on est là en train de rigoler autour d’un café, parler d’une musique qui est finalement assez légère, qui n’est pas deep, et je fais aussi cette musique parce que je n’ai pas envie d’allumer la radio le matin quand je me lève et écouter un truc qui me plombe !
C’est aussi pour ça qu’à un moment, j’ai arrêté avec le rap, en tout cas un certain type de rap, français et ricain, où je sentais une ambiance qui me plombait. Le côté complainte permanente, ça me gave, j’avais envie de tirer les choses vers le haut, en tout cas en ce qui me concerne. Je voulais faire un truc positif et cool, parce qu’au final, le matin quand tu te lèves, tu peux ouvrir tes volets et être heureux !
Tu n’es pas obligé d’être malheureux, et le fait d’être malheureux en amour, ça doit être un processus de reconstruction, et non pas un mode de vie ; sinon tu meurs, tous les jours un peu plus ! Il faut savoir accepter que les choses soient plus agréables à un moment.
Qu’est-ce que tu aimes ? Qu’est-ce qui t’as influencé ?
J’aime les belles choses en générale. J’aime les belles filles, la bonne bouffe, la bonne musique, et c’est vrai que ma culture, qu’elle soit picturale et musicale, est passée par ça. Mais j’ai aussi grandi avec les images de Guido Crepax, un dessinateur italien, il a notamment adapté Histoire d’O en bande dessinée. C’est très baroque, un peu SM, mais les dessins sont magnifiques. J’ai aussi été frappé par des gens comme Giger, qui a dessiné Alien, Druillet, la culture psychédélique.
Il y aussi Vasarely, car je viens d’Aix en Provence où il y a la fondation Vasarely, ça a bercé mon enfance. Je suis un gros malade de design et d’art, j’aime beaucoup la peinture, je déteste la sculpture, et la photo ça me fait un peu chier. Moi, c’est cinoche, peinture, design, je suis vraiment obsédé par tout ça. Et tout s’est savamment mélangé. Je tiens ça de mon père qui a cette culture picturale, et de ma mère pour le côté musical.
* Et tout ça caractérise une musique sexuée ?
Je crois que le côté psychédélique, les formes géométriques ou les dessins à l’encre de Chine, où l’on revient à Crepax, ce n’est pas sexuel, je déteste ça. On dirait l’autre abruti, Jacques Séguéla, qui tient le discours : « tout est sexuel ! », avec sa voix insupportable ! C’est dégueulasse ce genre de discours ! En dehors du fait que c’est complètement con, c’est le degré zéro de la sensualité ! Ce mec n’est juste pas sexuel du tout ! C’est stupide de voir absolument le sexe dans le prisme de la créativité, c’est un peu limité.
* Donc plus que le sexe, l’amour est le catalyseur ?
Oui, quand tu es avec quelqu’un, c’est juste wahou, il se passe un truc dans ta vie, et c’est générateur d’émotions, même quand tu n’es plus avec ce quelqu’un ! C’est tellement générateur de quelque chose de créatif, ça ne peut que me toucher. Je trouve que l’amour c’est touchant, et je te dis ça, avec la gueule que j’ai, et mon look de biker ! Je trouve que finalement Seb [Sébastien Tellier – ndlr] l’a bien résumé : la vie, c’est l’amour et la violence. Je pense que ces deux extrêmes vont très bien ensemble. On a finalement droit a beaucoup de violence, et si peu d’amour.
On en a tellement peu que l’on est obligé de faire des films de merde, sirupeux, ou de sortir des collections de bouquins de merdasses infâmes pour les ménagère de 50 balais, juste parce qu’elles s’emmerdent chez elles. Tout le monde a droit aux émotions, mais pour ça il faut mouiller la chemise, et les gens ne s’en donnent pas les moyens parce qu’ils ont peur de souffrir, ils ont peur de s’en prendre plein la gueule ! Là, je suis en train de me lâcher devant toi… Je pourrais te raconter des conneries, me brider, mais je suis moi, c’est mon point de vue !