La Horde [apologie du dés(h)ord(r)e]

La Horde, c’est un film de zombie Made In France, par des réalisateurs français, avec des acteurs français, et des zombies français.
Il fallait oser. En période de crise, on a surtout envie d’aller au cinéma pour voir de belles histoires, des histoires qui ne nous concernent pas, mais avec des gens qui nous ressemblent. On a envie de s’identifier à des types qui vivent pleinement bonheur et optimisme, avenir bleu pastel et environnement verdoyant.

Benjamin & Yannick ont pris à contrepied toutes ces rêgles, et pendant une heure et demie, ils nous font partager un avenir sombre et rouge sang, avec des types marginaux, au bout du rouleau (revanchards de surcroit), de toutes les couleurs, de tous les âges, qui ont définitivement baissé les bras, dans un lieu confiné au grand air, loin de la civilisation, dans une France post-apocalyptique, peuplée de zombies (c’est bien évidemment une fiction…). La Horde ne s’attaque pas aux préjugés, ne souhaite pas revisiter les valeurs fondamentales de la république, et n’apporte rien en terme de reflexion sur le paradoxe français. La Horde, c’est un divertissement, un divertissement pour personne avertie. On a pu lire ici ou là que le scénario était inexistant, que la boucherie était gratuite…. Certes, ce constat est vrai, et relève d’une certaine perspicacité intellectuelle. La Horde, c’est une heure et demie de carnages à tous les étages, d’adrénaline qui ne vous quitte pas, d’humour sarcastique, de personnages délirants et d’hectolitres d’hémoglobine. Un film cathartique qui vous empêchera d’étrangler votre voisin quand celui-ci viendra vous demander de baisser la musique (ne jamais se laisser dicter sa conduite par ses voisins…). Un film de genre qui perpétue une tradtion, une tradition faite de zombies, d’hommage à Romero, de jugement dernier, de violence gratuite, de vengeance et de trahison…
On notera la performance de Doudou Masta en pleutre paranoïaque victime de sa bétise (et qui reprend le rap pour un titre avec Despo Rutti pour le générique de fin, ça enfonce bien le clou !), et le cynisme de l’actrice Claude Perron, qui naguère compagne de Bernie, s’est reconvertie en fliquette incorruptible, qui a bien compris qu’il ne fallait pas trop en demander à des morts-vivants, même si cinq minutes auparavant c’étaient vos meilleurs potes…

En deux mots, comme en sang, ça cartonne et ça permet de décompresser…. Un zeste de violence et de barbarisme, dans ce monde où le principe de précaution génère autocensure et bien-pensance !

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