Des nains, des filles,
du caca & du skate
Imaginons que vous soyez en train de regarder un reportage sur la Californie fluo-flash-fun, avec des gens beaux aux sourires Ultra Brite. Soit l’American way of life comme on peut l’aimer en France.
Subrepticement l’écran plat 56 pouces se décompose, devient téléviseur cathodique et laisse place à de la télé réalité infiltrée dans une famille white trash du midwest. C’est Gummo, et vous êtes dans la baignoire avec Salomon.
C’est un peu ça, l’effet Big Brother.
Le magazine Big Brother est accouché aux forceps rouillés au début des années 90. Ça se passe en Californie, à l’initiative de l’homme d’affaires, ex-pro skateur et trublion Steve Rocco. jusque-là le skate dans les magazines c’était beau, il y a avait du soleil, des figures impressionnantes, des jeunes propres sur eux et Tony Hawk.
Big Bro s’invite dans la ronde et explose les canons du genre, à commencer par le format : la taille du magazine sera différente à chaque numéro (au moins les premiers). Et quand on feuillette, le graphisme fait mal aux yeux, le contenu semble foutraque, mais la ligne éditoriale est précise : du skate, des ragots, des railleries, des nichons, du caca, du vomi, de la provocation, des nains, de l’alcool, des nains alcoolisés, et du skate. Un bordel bordélique bien organisé, avec un business plan et du marketing sauvage qui s’avéreront payants.
Les chères petites têtes blondes en prennent plein la gueule, leurs parents s’indignent, l’Amérique s’insurgent.
Freedom of speech
Outre la débauche et les trucs en dessous de la ceinture, Big Brother aura été un véritable catalyseur cosmique ; un laboratoire d’expérimentations visuelles. Les photographes ont pu s’en donner en à cœur joie, ils ont essayé et testé. À l’instar d’un Spike Jonze qui peint tout en rouge pour l’interview de Rick Howard, ou les tirages de Dave Carnie.
« Boucles bouclées, baignoires de dollars, burn-out, décès,
les comiques troupiers ne sont pas épargnés par la vie »
Un cap est passé avec la découverte de Johnny Knoxville et Steve-O (on se souviendra de la séquence photo de Knoxville qui se tire dessus avec un gilet pare-balle). La petite famille recomposée ne recule devant rien, le magazine devient un monstre, qu’ils nourriront jusqu’à plus soif.
Quand Steve Rocco décroche, c’est Larry Flynt, le pornographe en chaise roulante, qui rachète le produit. Il n’en est pas à une provocation prêt, et accompagnera la parution papier jusqu’à la fin. La suite, c’est l’émission Jackass pour MTV, et des produits dérivés tout aussi affligeants. Drôles, mais pas tout le temps.
Boucles bouclées, baignoires de dollars, burn-out, décès, les comiques troupiers ne sont pas épargnés par la vie, et certains rejoignent les pages des fait divers, rattrapés par la célébrité, l’argent et l’intensité d’une vie extrême.
De tout ça, après le livre, ils en font un documentaire. À l’américaine, avec du pathos, des anecdotes, du rire et des larmes.
« Ils » l’ont fait, ça a laissé des traces indélébiles, et pas seulement au fond des slips.
La K7 audio Big Brother (le gadget à la Pif).
Les images viennent de là.
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