CAPONE [C-N-N] #QBCAT #archive

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QB free

 

Avec l’une des voix les plus distinctes des rues de Queensbridge, pour ne pas dire de New York, Capone reste lié à Noreaga, avec lequel il a formé C-N-N, duo qui a sorti les albums The war report et The reunion.

Le rappeur a attiré les auditeurs de rap par sa longévité à faire du rap de rue depuis plus de 15 ans maintenant.

Connu aux États-Unis et en Europe, ce chat de gouttière platiné est la preuve que la parole peut être une publicité plus importante que les méthodes traditionnelles.

Lundi 8 mars 2008 back up.


*Quand as-tu commencé à rapper, et comment ça t’est venu ?

J’avais 15 ans, peut-être moins, tu vois c’que j’veux dire ? On écrivait des raps dans le parc avec les homies, en fumant des joints et en buvant. J’ai jamais voulu faire cette merde en classe, alors j’ai écrit des conneries de la rue, et c’est devenu une habitude, tu sais. J’ai juste continué à mettre les mots ensemble, comme beaucoup d’autres.

 

*Tu as dû te battre assez durement pour sortir ta musique et qu’elle soit écouté à NYC ?

Je suis passé par pas mal de choses en ce qui concerne la crapulerie, alors pour moi c’était marrant de vendre des mixtapes et d’écrire de la merde qui pourrait un jour me faire gagner de la monnaie. Je vivais 13 heures par jour dans la rue, en dealant.

J’ai jamais vendu de mixtapes aux coins de la rue, quelques DJ’s dans le Queens aidaient les rappeurs avec les mixtapes, et alors on a été Unsigned Hype dans le magazine The Source avec N.O.R.E, donc ça a commencé en quelque sorte comme ça. Et aussi avec la vidéo L.A. L.A. avec le remix de Marley Marl qui a éclaté la tête des négros. Straight bullet, no shit !

 

*Quelle étiquette on t’a donné en tant qu’artiste et est-ce que tu trouves celle-ci juste ?

Je m’en fous de comment les gens me voient, je veux juste ces billets de dollars ou d’euros ou d’argent, tu sais. Si un mec pense que je lui dois un truc parce qu’il a juste sorti quelques disques, c’est une chatte. J’suis libre, je sais juste que je suis un rappeur. Les gens regardent trop les étiquettes en pensant « c’est une saveur », alors que moi autant que je sois concerné, c’est une question d’emprunt à la banque.

Une maison de disque n’est pas là pour te rendre riche, mais pour qu’elle devienne riche et après tu dois par toi-même voir comment tu peux prendre un peu de pain de cette maison de disque. C’est comme ça mec.

 

*On dit que tu as rencontré Noreaga en prison ?

Ouais dans la cuisine. On nous avait foutu dans la putain de cuisine ensemble. On faisait la plonge, la bouffe, la merde.

 

*T’as passé beaucoup de temps en prison, tu fais souvent des aller-retours ?

Ouais, quand je suis sorti en 1999, on a enregistré, c’était vraiment une réunion. C’était dur la taule mais c’est comme ça. En même temps ça motive un négro. En prison si tu as juste des pompes et des haltères à soulever, tu deviens bête. Tu dois soulever ton esprit aussi, t’exprimer, écrire, peindre des merdes ou je sais pas, tu deviens un peu fou autrement.

La prison fait partie de Queensbridge, on a ça dans notre vie comme l’hôpital ou ceci cela, bien sur j’aime pas la prison. Je m’en tape je veux pas aller en prison mais c’est pas un enfer quand tu connais des gens à l’intérieur. C’est un enfer pour les mecs sans connexions, perdus. Ils deviennent homos ou fous ces types, j’en ai vu des choses.

 

*C’est quoi l’histoire de vos noms ? Vous avez, à un moment, toi et Noreaga, eu des problèmes avec Tommy Boy je crois ?

Ouais c’est ce que je te disais sur les labels. Ils ont l’argent et ils te cassent les couilles comme une putain de banque. Après Tommy Boy, vers 2003, on a été obligé de nous faire appeler C-N-N, et Noreaga a dû changer son nom pour N.O.R.E, mais au niveau administratif, parce qu’au niveau mixtape et stickers et aussi sur l’album on s’en tapait, mais pour les avocats il fallait des papiers, des inscriptions de merde, etc.

Ensuite, on a été accueilli chez Def Jam mais ça a été la merde aussi. Ils ont cassé mon contrat et ils ont gardé N.O.R.E. Ça a failli nous séparer en tant que duo, ça foutait la merde, ça nous cassait les couilles ces conneries de labels. Mais l’important c’était de faire de l’argent donc on a continué, N.O.R.E dans son coin a fait son beurre et il a raison.

 

Capone - Pain, Time & Glory

« Critiquer Prince c’est possible, je veux dire, la personne (…) Mais critiquer sa musique c’est impossible. »

 

*Ton premier solo sous le nom Capone est sorti en 2005. Pourquoi si tard ?

Moi j’ai enregistré mon premier album sans pression, j’ai pris mon temps. Comme je te le disais, mon monde c’est la rue. Tu fais souvent plus d’argent dans la rue qu’avec la musique, d’où je viens. Tout va très vite quand tu dépenses vite, alors il faut toujours penser à tes arrières. Les arrières c’est souvent l’argent. Et puis je voyais bien que Noreaga faisait du pognon avec son album reggaeton [N.O.R.E y la Familia ; Ya Tu Sabe – ndlr].

Des négros ont dit qu’il avait oublié le rap mais c’est faux, c’est juste à cause de ses racines qu’il est revenu vers la langue espagnole et le reggaeton, moi je captais car je le connais bien.

 

*T’as eu des problèmes en qualité d’artiste solo avec les labels ? Koch par exemple ?

Bien sûr, c’est toujours la même merde… Tu vois sur Tommy Boy, on a touché l’or avec The Reunion mais ces bâtards n’ont pas voulu investir plus et ils se sont plantés en beauté, ils ont signé du rock, l’album d’Everlast de House of Pain qui est une merde, et puis après c’est parti en couilles leur merde.

Aujourd’hui j’ai été appelé par SMC, un label de la Bay Area. Les mecs vont vite là bas, ils ont compris. Mais demain je te dirais peut être du mal d’eux.

Je travaille toujours avec N.O.R.E et mon homie Frizzy « Franchise » Beats, on essaye de faire du beurre et nos albums en mode duo C-N-N c’est pas fini. On a pas changé, je reste rue, je ne fous pas des refrains sirupeux de merde ou quoi, c’est toujours dans l’esprit rue, pour mes fans, j’en ai beaucoup. Le label SMC accueille aussi des artistes confirmés comme Mistah Fab ou Pastor Troy…

 

*Sur ton album sorti sur SMC, il y a un morceau titré Talk My Shit avec un sample de Prince. C’est un artiste que tu apprécies ?

Je vois je vois, c’est pas vraiment un sample, c’est le producteur qui a rejoué un son de Prince. Prince est fort bien sûr, personne ne peut critiquer Prince. Critiquer Prince c’est possible, je veux dire, la personne, je le connais pas…. Mais critiquer sa musique c’est impossible.

 

*Sur ton album Menace To Society, tu as repris pas mal de dialogues du film du même nom…

(Rires). Oui j’adore, ce film est un de mes préférés. J’ai eu de bons retours, surtout sur le morceau avec Scarface Nowhere to run. C’est le film que j’ai vu le plus dans ma vie je crois. J’ai bossé avec des gars d’Houston et aussi mes gars de Queensbridge.

Je suis fier de cet album il est tranquille. J’ai aussi beaucoup bossé sur l’album Pain, Time & Glory, je me suis investi aussi en tant que producteur et tout, j’allais en studio avec l’ingénieur du son etc. J’essaye d’améliorer tout ce qui touche à ma musique…

 

*Tu as été un des premiers gars de Queensbridge a montrer des armes aux caméras, dans des dvds comme celui de Tragedy Khadafy, A Queensbridge Story. Tu as jamais eu des problèmes ?

Bien sûr que si, mais quand les gars te filment des fois tu sais pas trop où ça va atterrir, j’ai été en prison pour port d’arme très souvent et faut faire attention, surtout aujourd’hui les rappeurs sont de plus en plus écouté, sans compter la putain de R.I.A.A qui nous cassent les couilles.

 

*Et donc, tu es satisfait aujourd’hui de ton deal avec SMC ?

Ouais, ils m’ont donné l’opportunité de faire de la radio sur internet. C’est un podcast, vous avez les infos sur www.smcrecordings.com. SMC bosse avec B-Legit, San Quinn, Keak da Sneak ou PSD. C’est des bons. Pour l’instant.

 

Propos recueillis par Djama Kotva pour KIF.