Informel format
Phil Evans est un Irlandais bizarre qui fait des films de skate en Super 8. Après Scrum Tilly Lush qui regroupait plusieurs types de la scène européenne, il s’attaque directement aux photographes de skate, et leur consacre un documentaire. Un savant mélange de Super 8 et de photographie fixe, ça s’appelle Format perspective, vous en saurez un peu plus après ces quelques lignes.
*Peux-tu nous parler de ce nouveau projet Format perspective ?
‘Format perspective’ est un documentaire sur les photographes de skate, mais aussi une vidéo de skate avec des photos. On est en coulisses avec chaque photographe, et on voit aussi le skate tel qu’ils l’ont shooté. C’est filmé en Super 8, avec le son direct. On voit aussi quelques tricks des photographes, ce que je trouve plutôt cool… ça craint un photographe de skate qui ne skate pas !
*C’est donc shooté tout en Super 8 ?
Oui, tout le film est en Super 8, c’est une décision prise dès le début. J’ai fait un petit montage avec des images que j’avais de Conhuir & Denis Lynn, et quelques photos de Stu Robinson. J’ai un équipement HD, mais en HD, mes images et mon cadre auraient ressemblé aux photos que je veux montrer, donc l’image Super 8 amène un contraste parfait avec des photos très nettes. Le Super 8 est tellement granuleux que l’attention va se porter sur les photos montrées pendant le documentaire, les photos deviennent les images les plus importantes.
*Le fait d’être toi-même un artisan dans le monde du skate a fait que tu t’es penché sur le travail des photographes ?
Oui, je pense. Je crois que j’apprécie le fait que ces gars se prennent plus la tête qu’un vidéaste moyen pour composer une image, par exemple Sergej [Vutuc], il ne développe pas seulement ses films, il fait aussi ses tirages. J’ai beaucoup de respect pour la technique, la patience et les efforts des photographes, ça a été déterminant dans le fait de vouloir leur consacrer un documentaire. Je crois que lorsque tu es reconnu comme un bon photographe de skate, ça montre aussi que tu mets du cœur à l’ouvrage.
*Comment tu as choisi les photographes ? Tu connaissais leur travail avant de les contacter ?
J’ai commencé à filmer Stuart Robinson à Belfast, ensuite j’ai sollicité Rich [Gilligan], ici à Dublin. Puis Rich m’a conseillé Alex [Irvine] et Nils [Svensson], qui ont été tout de suite d’accord. Alex m’a mis en contact avec Bertrand [Trichet], j’avais vu son travail pour le livre Dirt Ollies, donc j’étais très content qu’il soit dans la boucle. Bertrand m’a d’ailleurs recommandé les autres, la boucle était bouclée ! J’ai trouvé ça cool que certains recommandent d’autres photographes déjà prévus dans le projet, ça permet de tomber sur ceux qui sont vraiment intéressés et motivés.
*Qu’est-ce que tu souhaites montrer avec ce film ?
Mon intérêt premier était l’histoire de chaque personne. Après ma dernière vidéo, j’avais besoin d’inspiration, je ne voulais pas seulement faire une énième vidéo de skate, donc je me suis demandé pourquoi je shootais du skate. Le fait de vouloir filmer des photographes est venu en me demandant pourquoi moi je shootais, donc j’ai voulu savoir pourquoi eux shootaient. Ils ont tous une histoire différente, un style, et j’ai plein d’anecdotes et de matières pour faire quelque chose. J’étais aussi très motivé à l’idée de faire un film qui mélange des images qui bougent et de la photographie.
*Qu’as-tu appris sur la photo de skate ?
Que ça ne paie pas des masses !
*Tu penses que les photographes sont les derniers « artisans » du skate ?
Ah ! Bonne question ! Faire de la photo de skate demande beaucoup plus de technique et d’efforts que pour faire une vidéo, j’ai d’ailleurs beaucoup de respect pour les photographes de skate. Tu ne peux pas vraiment improviser en photo de skate, alors que tu peux être un vidéaste averti, et faire la vidéo de skate la plus chiante du monde. Je crois que faire une vidéo de skate, c’est surtout avoir de bonnes idées et de les concrétiser, en photo de skate, il y a une phase de préparation importante avant de pouvoir concrétiser une image.
*Le moment le plus intense, c’est quand tu reçois tes bobines Super 8 développées ?
Intense est l’un des mots pour qualifier ce moment… stressant en est un autre ! Pour cette vidéo, j’ai beaucoup joué avec l’exposition, j’ai voulu que l’image soit encore plus contrastée que de la Super 8 habituelle, comme ça les photos tranchent avec les images. C’est vraiment agréable d’avoir une bobine que tu peux toucher, palper, et jouer avec dans le projecteur, c’est beaucoup plus ludique qu’un fichier dans un disque dur !
ENGLISH VERSION
Phil Evans is a weird Irish guy, making skate video with a Super 8 camera. After is Scrum Tilly Lush, which features some europeans guys in their countries, he’s back with a new project : Format perspective , a movie about skate photographers. Read the following conversation, and be in Berlin, july 7th for the premiere.
*Could you introduce ‘Format perspective’?
Format Perspective is basically a documentary about skate photographers, but also a skate video with photos. We get « behind the scenes » with each photographer, but we also see the skating that they are shooting. The film is shot completely in super 8, with sound throughout. We also see a little skating from the photographers too, which I think is rad as its pretty lame when skate photographers don’t skate!
*Is it only Super 8 ?
Yeah, the film is completely shot in super 8, which was a conscious decision from the start. I made a test edit with some footage I had of Conhuir & Denis Lynn and some photos Stu Robinson had taken. I have HD equipment, but if I shot HD it would look to similar to a lot of the digi SLR photos, so super 8 provided a perfect contrast to the buttery photos, its so low grade that it shifts the attention to the photography and makes the photo the showcase.
*Is your Super 8 work inspires you to bring to light photographers?
I guess I do appreciate that these guys put a lot more effort in than the average filmer in image composition, and with Sergej [Vutuc] he not only develops his film, he prints them too, so yes, I’ve a great appreciation for the skill, patience and effort of these guys, so it would have been a sideline factor in choosing to shoot photographers. I think to gain any regard as a good skate photographer it shows that you do have an appreciation for your craft.
*How did you select photographers?
I basically started filming with Stuart Robinson in Belfast, then I asked Rich [Gilligan] here in Dublin. Rich recommended Alex [Irvine] and Nils [Svensson], and they were down so I was stoked. Alex put me in touch with Bertrand [Trichet], and I’d seen his stuff in « Dirt Ollies » so I was stoked he got on board, then Bertrand recommended everyone and that was that!
I think its also quite nice when the line up of guys is decided on the recommendations of people who are already involved in the project, that was you just get those who are genuinely interested and motivated.
*What do you want to show throught this new film ?
My main interest was the story behind each guy. After I filmed my last video, I needed some new inspiration, I didn’t just want to make ‘anothr skate video’, so I was really asking myself why I was shooting skating. So the inspiration to shoot photographers came out of me asking myself what I why I was shooting, I guess I wanted to find out why these guys shoot.
Each one of them has a completely different story and style of photography, so I got a great variety of stories and work to play with. I was also really stoked to get the opportunity to make a film where you get to marry the footage the photography.
*What did you learn about the skate photography ?
It doesn’t pay too well!
*Do you think skate photographers are the last skate artisans ?
Ha! Good question! Skate photography definitely requires a lot more skill and effort than making skate videos, so I have a lot more respect for photographers from that point of view.
You definitely can’t get away with not knowing your shit in skate photography, whereas with skate videos you can be really technical or really sloppy and still make the most boring video in the world, I guess skate videos are more about ideas – for me – and skate photography has a big emphasis on execution before you bring the ideas in.
*Is the most exciting moment is when you get back the super 8 processed?
Exciting is one word for it… nervous is another! I blew out a lot of the exposures in this video, I really wanted to mess up the super 8 even further than normal so the photos would stand out next to them. It is quite nice getting a reel that you can hold, touch, and play with in the projector, I way prefer it to a file on a hard drive!