Olivier Ente, aussi connu en tant que Tavu pour une partie de la population, poursuit son bonhomme de chemin, dessine, skate, vit, va et devient. Voici en quelques phrases une description de son travail, et un hommage à Gil Scott-Heron en vidéo.
*Comment t’es venue l’idée de dessiner ?
J’ai toujours aimé dessiner, ou créer en général ; ce truc avec les cartes a commencé l’année passée, quand j’ai reçu dans ma boîte aux lettres une carte du monde. Après deux semaines à la regarder chez moi, j’écoutais l’album What the … you mean i can’t sing? de Melvin Van Peebles et j’ai décidé de faire un portrait de lui, sur cette carte. J’avais déjà fait des trucs avec des stylos Bic, j’en avais sous la main donc j’ai continué.
Après des heures à bosser dessus, un jour en allant skater j’ai trouvé un cadre de la même taille juste dans ma rue que j’ai récupéré, et une semaine après au détour d’une ruelle deux sac poubelles remplies de cartes de toutes sortes, depuis en regardant partout autour de moi je récupère les cadres que je trouve ; à part une carte du Nigeria pour le portrait de Fela, je n’ai rien acheté depuis.
J’aime cette idée de récup’, le rapport direct avec la rue, un peu comme en skate : c’est la rue qui te fournit ce dont tu as besoin pour produire quelque chose… Besoin de m’exprimer, pas vraiment, je n’ai pas grand chose à dire, mais en regardant ces portraits ça me rappelle pourquoi il est important de faire ce dont on a envie.
*Comment tu choisis les personnages ? Quel rapport tu as avec eux ?
Au feeling, plutôt des gens qui ont été au bout de leurs idées, sans compromis ; cette émotion que tu ressens en écoutant un morceau de musique ou devant une peinture que tu ne peux pas vraiment expliquer, il se passe un truc que tu es, peut être, le seul à vivre, mais c’est là.
*La culture noire américaine te fascine ? Elle t’inspire ?
Oui et non, j’ai grandi avec ça, à travers le hip-hop et autre, mais j’essaie de ne pas tomber là-dedans, noirs ou pas, homme ou femme… Ce qui me fascine c’est à quel point la révolte, la douleur, la folie intervient dans la création. De Charlie Parker au club des 27, de Van Gogh à Pollock…
*Techniquement comment tu procèdes ? Et pourquoi tu utilises cette technique ?
C’est du Bic sur des cartes et j’essaie de restituer le personnage dans son environnement. Je cherche une ou deux photos sur le Net, je cherche dans mon stock de cartes si j’ai un truc qui correspond et après avoir choisis la photo je commence sur une feuille vierge à redessiner la photo. Je me fais quelques repères, soit avec un quadrillage en fonction de la taille de la carte, soit direct si c’est un truc plus petit.
Ensuite, je reprends ces repères sur une table lumineuse au crayon, et après il n’y a plus qu’à se mettre devant la photo sur l’ordi et y aller petit à petit avec le Bic pour superposer les traits. Toutes les cartes ne sont pas identiques les pliures, les papiers ne sont jamais les mêmes, ils sont plus ou moins vernis, plastifiés ou en papier très fin, le Bic réagit différemment, il faut savoir s’adapter à chaque nouveaux dessins.
*Tu as eu l’occasion de rencontrer le photographe Jamel Shabazz, quel souvenir tu retiens de cette rencontre ?
C’était à la Condition Publique de Roubaix, avant que ce ne soit transformé en lieu d’expos et concerts ; on avait construits un module, un dimanche pluvieux, et Jamel Shabazz était à Roubaix pour faire des photos dans les quartiers et faire un parallèle avec ses anciennes photos prises à New York.
On c’était tous retrouvés dans l’expo au musée de la piscine à Roubaix, c’est fou quand même ! Je n’ai pas tant de souvenirs, ça fait partie de ces moment où si tu pouvais revenir en arrière, tu réagirais différemment. J’étais dans la session de skate et j’aurais mieux fait de profiter de ce moment.
TAVU TUMBLR
tavu at hotmail.com
La photographie du switch crooked grind est de Périg Morisse
La photographie ci-dessus est de Jamel Shabazz