music recorded library
La library music, soit la musique d’illustration en français, ce sont des enregistrements destinés aux professionnels, pour habiller films, documentaires, jeux télévisés et autres jingles. Des disques produits en petite quantité, envoyés directement dans les boîtes de production. Plus péjorativement, c’est de la musique au mètre ; soit des types enfermés dans des studios qui enregistrent, enregistrent et enregistrent, comme bon leur semble. Des savants fous sonores.
Tout ou presque était permis, pour toutes sortes d’images. Des disques de tous les styles, mais aussi pas mal d’expérimentations sont sortis des presses à vinyles. Des LP plutôt rares, qui ont été (re)découverts par des chineurs de disques rares : « Quand tout le monde cherchait Shaft en vinyle, je commençais à chercher de la library… » Une petite phrase d’un spécialiste, qui en dit long sur la renaissance de la musique d’illustration.
KPM est certainement le label de musique d’illustration le plus connu. C’est l’acronyme de Keith-Prowse-Maurice. L’histoire commence en 1780 selon les dires, avec Robert Keith, un musicien qui ouvre une petite échoppe musicale à Londres. L’affaire s’agrandit avec l’arrivée de William Prowse, et l’édition de partition. Puis le disque fait son entrée dans la culture populaire, le siècle change, KP existe toujours. En 1955, la télévision s’immisce dans les foyers, les 78 tours deviennent alors le nouveau support musical.
En 1959, le M entre dans la partie : Peter Maurice. KPM music group est né, et devient rapidement incontournable, sur le petit écran, produisant jazz, funk et autres musiques électroniques habilleront toutes sortes d’émissions. Les années 60 et 70 seront fleurissantes, et les meilleures en terme de qualité, celles dont on se souvient.
On retiendra surtout les noms de Alan Hawkshaw, John Cameron et Keith Mansfield, le trio le plus funky de KPM, instigateurs de thèmes efficaces que l’on retrouve encore aujourd’hui, dilués dans la musique populaire.
Le temps du changement
Dans les années 90, le CD inonde le marché. La musique se démocratise en termes de consommation et de production. Michael Jackson supplante les Beatles. Et quand le sampling devient une façon de faire, la library music fera parler d’elle de nouveau. Qui dit disques non disponibles pour le public dit échantillons exclusifs.
Ce sont donc les producteurs de rap qui auront la primeur de mettre dans la lumière ces boucles grandiloquentes et autres rythmes étranges pour en faire des chansons rappées. L’histoire continue dans les années 2000, vient la chasse aux samples par les ayants droit, ce qui en découragera certains. Les ordinateurs et synthétiseurs prendront le relais.
Dans le mix ci-dessus, plusieurs morceaux ont été samplés pour la bonne cause, notamment par le producteur 7L pour Operating Correctly avec Mr. Lif, on retrouve un échantillon dans un morceau récent de la française Casey, plusieurs sur le projet DangerDoom, avec Rocé pour Amitié & Amertume ou encore chez le jeune hippie Schoolboy Q.
KPM, c’est une épopée, une histoire qui continue de vivre, mais surtout un âge d’or de la musique en vinyle. Aujourd’hui, le label appartient à EMI, il a sorti une centaine de vinyles, quelques 600 CDs, enregistré environ 43 000 titres. Nonobstant l’hégémonie de KPM, la library music n’est pas exclusivement anglaise, on compte nombres de labels en France, en Allemagne et en Italie.