tout ce qu’il s’est passé entre 2008-2015
séquelle
Après de longs mois de procrastination, et autres tourments, il semblait possible de donner une suite à la partie un. Ça recommence avec l’album 0.9 dans lequel Booba dévoile une facette plus sombre de son rap et de son écriture. Injustement critiqué, ce disque démontre qu’après des années de pratique, le chanteur est capable de prendre son auditoire à contre-pied. Plus de subtilités dans des textes plus référencés en aurait-il perdu plus d’un ?
Dans la foulée, il sort Autopsie vol. 03, enchaîne avec le bien titré Lunatic (2010), s’acoquine avec le producteur Therapy pour Futur (2012), le son devient homogène, dense et comme toujours dans l’air du temps. La version 2.0 sera rythmée par les clashes successifs du rappeur avec d’autres rappeurs frânçais. Booba riposte sur iTunes, pendant que ses collègues donnent leurs morceaux.
D.U.C sort en ce début d’année (c’était alors 2015), Therapy ayant pris parti pour Kaaris, le divorce est consommé. Booba expliquera qu’il est content de cette séparation qui lui a donné l’occasion de se tourner vers de nouveaux musiciens – sans oublier de préciser que Therapy et son équipe avait peu évolué au fil des années -. Le Duc change de cap, les producteurs se multiplient. Ça trap, ça drill, ça rappe lent et saccadé. Pas toujours évident de s’y retrouver après des années de punchlines kickées, contondantes et sentencieuses.
Le disque Nero Nemesis sort officiellement le 4 décembre. Les MP3 leakent quelques jours avant, Augustin Trapenard l’annonce sur France Inter à 9h du matin. Le hasard fait bien les choses, Le Duc sera le premier dans les casques et les vagos. Avec les titres #FélixÉboué et Attila, il renoue avec du rap dur et méchant. Basiques et mâchés, les textes piquent et écorchent, on se surprend à déchiffrer la déferlante de mots et de pensées. Une nouvelle fois Booba déclasse.
au calme
Pendant ce temps-là, Élie Yaffa n’a pas chômé. Les fringues, le site OKLM, la radio éponyme et du réseau social pour la constante visibilité. Via Instagram, il se perfectionne au montage photographique, il poste des selfies avec ses enfants et devient bon père de famille. Il rassure la ménagère de moins de 50 ans.
Quelques interviews avec phrases bien senties résonnent avec les événements, les propositions sont courtes et mesurées quand il prend la parole, l’homme public néglige son capital sympathie pour ratisser plus large. Il se mélange avec des poids lourds pour des titres anecdotiques ; fin tacticien, Booba s’immisce dans les oreilles de ceux encore convertis.
Il enfonce le clou malicieusement en s’affichant avec Rockin’ Squat du groupe Assassin. Rappeur antique, très populaire en 1983, non dénué d’ego et d’envolées embarrassantes, un peu écolo, un peu gaucho avec le militantisme pénible qui va avec. Squat aspiré et digéré s’affichera dans le clip de Génération Assassin, et y fera des signes avec les doigts. L’amplitude de la dissonance cognitive n’était pas mesurable, Booba représente tout ce qu’il a conchié pendant toute sa carrière. C’est malgré tout une improbable et mémorable réconciliation.
On passera sur la polémique concernant la reprise du morceau de Sidiki Diabaté, vaine et arbitraire. Par contre le jeune Diabaté a tenu à expliquer que Booba l’avait sérieusement mis en lumière et qu’il était très content que la musique malienne bénéficie d’un tel coup de projecteur. Ce qui donnera un très beau moment lors du récent concert du Duc de Boulbi à Bercy : plusieurs minutes de kora, l’instrument de prédilection de la famille Diabaté depuis 70 générations, pour introduire le fameux Validée. Un ange passe.
320 – flac
INTERVIEW DE BOOBA PAR FRD HAK
T-SHIRT
BONUS TUC
https://www.maelstrommagazine.fr/booba-79-minutes-mixtape-1/