Shmurda was the case

Bobby, Bobby,
can’t you see…

APRÈS AVOIR ÉTÉ ARRÊTÉ L’ANNÉE DERNIÈRE EN POSSESSION D’ARMES ET DE DROGUES, BOBBY SHMURDA EST RAPIDEMENT PASSÉ DU STATUT DE RAP-STAR INTERNATIONALE À CELUI DE DÉTENU DE HAUT VOL. PORTRAIT D’UNE PETITE FRAPPE DU RAP NEW-YORKAIS NOUVELLE GEN.

Au moment de son arrestation, Shmurda était dans un studio d’enregistrement de NYC. Après avoir attiré l’attention d’Epic avec son Hot Nigga (dont il s’est approprié le beat à vie), single devenu hymne rap de l’année 2014 – en en écoulant plus d’un million d’exemplaires à ce jour – il a également planté dans le décor sa Shmoney Dance, imitée par nombres de stars et autres tartelettes, de Beyoncé en passant par moult étudiants blanchâtres ou encore une partie de la cour de récréation du rap français.

 

Toute cette attention lui a permis de récolter $ 1,000,000 en signant en major, mais aussi l’étiquette « fait de l’argent en étant en prison » pour longtemps. Le rappeur de Brooklyn, East Flatbush, est désormais archi connu pour ses sons bondissants dont les clips sont tournés à l’arrache avec du gros matos, en zone rue, gonflés de dizaines de bonshommes vomissant leurs signes de gang bangers sauvages et autres tirs de canons imaginaires à la caméra, le tout très nonchalamment. Bob marque aussi brusquement le pas de cette génération new-yorkaise qui s’éloigne des « productions maisons » pour lorgner désormais sur Chicago, voire les plantes sudistes ou west coast.

Plusieurs acteurs de la Rotten Apple ont déjà enclenché cette foulée (Fabolous, French Montana, A$AP Rocky, A$AP Nast…). Mais Bobby est vraiment celui qui a le plus l’air du gars provenant d’un bled type Chi-town, aussi bien par son flow nasillard et brouillon que par le choix de ses productions et son attitude retardée.

 

SHMURDA RAPIDE

Collectivement, le supposé gang GS9 (Bobby et sa douzaine d’amis) a essuyé plus de 100 accusations, y compris celle d’assassinat au second degré, toutes découlant de leurs activités présumées de gang de rue, mentionnées en bonne place dans Hot Nigga. Au cœur de l’acte d’accusation, déposée par le procureur de la ville de NYC après une enquête d’un an, une allégation de complot criminel : selon l’accusation, Pollard et sa bande ont fait des tentatives répétées de « complots soutenus pour défendre leur territoire et faire progresser leur statut en tant qu’organisation ».

La douzaine de jeunes hommes nommés dans le complot présumé ont donc été arrêtés à la mi-décembre 2014 dans un studio d’enregistrement à Manhattan, et sont tous en prison depuis. Il est enthousiasmant de noter que, bien que certains procureurs à travers le pays de l’Oncle Sam ont récemment pratiqué douteusement l’utilisation des paroles comme preuves contre des rappeurs soupçonnés de crimes, les accusations portées contre GS9 semblent être fondées uniquement sur des écoutes électroniques réalisées sur plus d’une année, et non sur le contenu de leurs morceaux.

 

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Pourtant, Shmurda ne compte pas en rester là. Début 2015, le Morning Show Hot 97 a obtenu deux minutes d’interview de Monsieur B, la ligne téléphonique ayant été coupée par le service de sécurité de la prison. Bob y a déclaré avoir passé la majorité de son temps derrière les barreaux avec son ami et membre d’équipage Rowdy Rebel. Au moment de l’appel, Rowdy est allé à l’isolement tandis que Bobby demeurait en détention préventive en raison d’une altercation. « Les flics sont contre moi depuis le début, un des gars qui est venu m’arrêter m’a dit qu’il ne voulait pas que son gosse grandisse en écoutant ma musique… »

Bobby Shmurda est loin d’être le rappeur du siècle. Néanmoins, son style rugueux et son agressivité verbale résonne juste sur les puissants tracks que constituent Hot Nigga ou How Can I Lose ft. YT. Mais sur nombres de morceaux, le petit Bob a beaucoup de progrès à faire. Le titre Hot Nigga a fortement contribué à la hype qui entoure le rappeur brooklynite, mais ne suffit pas à constituer une carrière solide à lui seul, sauf dans les charts pour iPoders. Produit par Jahlil Beats pour le titre Jackpot de Lloyd Banks, Bobby prétend l’avoir racheté pour Hot Nigga et le déferlement qu’on connaît : popularisation de la Shmoney Dance et versions freestyle par Gunplay, French Montana, Juicy J, Lil Kim, T.I ou encore Young Jeezy.

 

Août 2014, une version reggae avec Junior Reid, Mavado, Popcaan et Jah X voit même le jour. Depuis, tout le monde s’y met, Corey Gunz, Ludacris, Ace Hood, etc. À première vue, la sombre situation du jeune rappeur, qui risque jusqu’à 25 ans de prison, sonne comme l’histoire singulière d’une star dont la fulgurante ascension a été devancée uniquement par la rapidité de sa chute. Car la rudesse de son attitude devant la caméra et son micro semble inversement proportionnelle à sa conduite depuis son arrestation, et ce depuis la fameuse photo où le jeune rappeur semble s’être transformé en vilain petit caneton inoffensif. À quand un autre Bobby ?

 

Un sujet de Vladimir Agueev